Quand on envisage une reconversion, on se doute que ça va être plus ou moins un parcours du combattant. On ressent de la solitude, on a du mal à faire des choix. Les infos sur le sujet sont nombreuses mais pas toujours pertinentes. Alors on se dit qu’au plus vite ça sera fait, au mieux se sera.
Pourtant, dans cette aventure-là, la précipitation ne sera pas ton alliée et pour aller loin, il te faudra ménager ta monture. En l’occurrence, ta monture c’est toi-même !
Dans cet article, je vais mettre le focus sur le tout début de l’histoire de ta reconversion. C’est-à-dire le moment où tu intellectualises le fait que tu vas changer de métier.
À quelques exceptions près, on ne se réveille pas un matin en se disant « tiens, si je faisais une reconversion professionnelle ». Non, la décision de changer de vie professionnelle est le fruit d’un cheminement personnel, ça prend du temps. C’est quelque chose d’intime et qui demande de passer différents caps. Ce moment-là est crucial. Les décisions que tu vas prendre auront un impact à long terme sur ta vie.
je vais te parler des différentes étapes et des caps que tu dois passer avant de mettre en route ta reconversion. Si je devais tracer la frise chronologique de ta reconversion, on se situerait tout au début. Pile au moment où tu comprends que tu vas te reconvertir, mais tu n’as encore posé d’action concrète.
Ne pas confondre vitesse et précipitation
Comme dit Jean de la Fontaine dans le lièvre et la tortue, « rien ne sert de courir, il faut partir à point ». Cette citation est parfaitement adaptée à la reconversion. Pourquoi ? Déjà il y a l’aspect de la précipitation. Quand on se précipite, on ne prend pas les bonnes décisions. En fait, ce sont souvent des choix dictés par la peur plutôt que par la raison.
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point »
Jean de La Fontaine
Ensuite, une reconversion, telle qu’elle soit, demande du temps de préparation, de la prévision et de l’anticipation. Le piège c’est de sous-estimer cette partie préparatoire, en la zappant complètement ou en la survolant.
Pour aborder cette phase du mieux possible, voici les 2 grandes étapes que je te propose :
Commencer par faire une pause
La toute toute première chose à faire, c’est de mettre ton cerveau sur pause, peu importe ta situation. Que tu sois en poste ou au chômage, que tu te sentes paumée vis-à-vis de la suite ou que tu sois en ébullition avec plein d’idées de reconversion. Tu dois t’accorder une pause, une vraie. L’occasion de faire le point sur ta situation et d’assainir les bases pour construire un projet cohérent.
Fais le point
Demande-toi ce qui te plait encore dans ton environnement professionnel et ce qui ne te va plus du tout. Pour t’aiguiller je te conseille de te baser sur trois éléments :
- Ce qui est observable
Quel est l’état de tes conditions de travail : ce que tu fais, pour qui, pour quoi, avec qui, comment ? Est-ce que tu remarques une perte de productivité en ce qui te concerne ? Est-ce qu’il arrive que tu te demandes ce que tu fais là, ou que tu te demandes à quoi ça sert ce que tu fais, est-ce que tu es en phase avec tes valeurs, etc. Fais la liste de ce qui te dérange et t’insupporte.
- Ta météo interne
Écoute la petite voix au fond de toi. Cette petite voix, il faut s’y fier parce qu’elle ne nous ment jamais. Donc demande-toi comment tu te sens et qu’est-ce que tu ressens ? Est-ce que tu t’ennuies ? Est-ce que tu as des envies d’ailleurs ? Te sens fatigué mais genre une fatigue intense avec de l’angoisse et du stress ? L’impression de te gâcher, de passer à côté de ta vie ? De pas forcément être écoutée, de ne pas être à ta place.
- Ce que pense de toi ton entourage proche
Est-ce qu’elles ont remarqué une forme d’aigreur de ta part qui n’existait pas avant ? Est-ce qu’elles te sentent absente, peut-être qu’elles ont remarqué que tu avais moins d’humour ? Un air triste ?
L’idée c’est de cerner la façon dont on te perçoit en ce moment. Puis de mettre le doigt sur des éventuels changements que les autres auraient pu remarquer sans t’en parler.
🚨 Attention : à faire uniquement si tu as confiance en ces personnes. Tu dois être sûre qu’elles te feront des retours bienveillants et honnêtes.
Tirer les conclusions qui s’imposent
Le moment est peut-être venu de dire stop et de passer à la suite (même si tu ne sais pas encore à quoi elle ressemblera). C’est le bon moment pour prendre soin de toi et te remettre au centre de l’histoire.
En fait l’idée c’est d’avoir la sagesse de se dire « Ok, j’ai atteint un point de non retour, si je continue comme ça, je vais me gaspiller pour de bon. Donc j’agis et je prends la décision de changer ma vie professionnelle. »
Une fois que ça c’est fait, tu peux passer à la deuxième grande étape.
Avant de se lancer : passer les caps
Une fois que tu as intégré l’idée que tu allais faire une reconversion professionnelle, il y a des chances que tu sois tentée de te lancer maintenant, tout de suite et que tu aies envie de passer à l’action. C’est normal, ça te remet dans une dynamique positive et on en a tous besoin.
Cela dit, j’ai envie de te dire « ralentis ! » parce que c’est presque tout le contraire qu’il faut faire 😆 C’est le moment de prendre ton temps et de rester en mode « tortue » si je reprends la référence de la fable de La Fontaine.
Je m’explique. Une fois que tu as admis que tu allais te reconvertir, tu vas devoir passer des caps. Et chacun de ces caps, ou de ces mini-étapes si tu préfères, participent à ton processus de reconversion. Il y a des choses que tu dois accepter avant de te lancer dans la construction de ton nouveau projet professionnel.
Accepter de prendre son temps
Chaque reconversion est unique, intime. Une reconversion qui a marché pour une copine ne sera pas forcément une réussite dans ton cas, même si sur le papier ça semblait plutôt cool. L’expérience montre que quand on est en quête de sens, jouer uniquement sur la variable du changement de métier ça ne suffit pas, loin de là.
D’autre part, il est difficile de prendre du temps, quand justement on a l’impression de ne pas en avoir. Non pas parce que tu as plein de chose à faire, mais parce que le temps c’est de l’argent. Et justement quand on se reconvertit on a souvent peur d’en manquer. Pourtant, t’embarquer dans une reconversion « au petit bonheur la chance » pour aller vite et rapidement gagner de l’argent c’est prendre un ticket pour la désillusion et les regrets. Je reviens sur la précipitation, je déconseille fortement de baser sa reconversion sur ses propres peurs. Les peurs ça se travaille et ça se contourne, ce n’est pas un point de départ !
Faire « ses deuils »
Alors oui ça fait bizarre dit comme ça, il n’empêche que le processus est assez similaire. Il s’agit de faire le « deuil » du job pour lequel tes études t’ont prédestiné, faire le deuil d’une carrière linéaire, d’une ascension sociale etc.
C’est un travail sur soi difficile. C’est admettre qu’on n’est plus vraiment en phase avec les choix qu’on a fait. Ça demande de sortir du schéma dans lequel on a grandi, sur lequel le système éducatif et la société toute entière nous ont bercé.
Finalement c’est accepter que les représentations qu’on avait d’une vie dite « réussie » ne soient plus les mêmes et c’est accepter de reconstruire une autre définition de sa propre réussite.
Accepter le challenge de construire une nouvelle vie professionnelle
Avec tout ce que cela implique : réapprendre un métier, dépenser de l’argent pour ça, travailler avec des personnes complètement différentes, avoir responsabilités différentes, dans un environnement qui n’aura peut-être rien à voir.
Toutes ces choses-là amènent de la fragilité. De quoi parle-t-on ? Les fragilités induites par la reconversion sont principalement sociale, familiale, financière. Les trois se mélangent et s’auto alimentent.
- une fragilité sociale. Par définition quand on est en reconversion, on a notre place professionnelle nulle part. On peut avoir du mal à se sentir légitime et on peut se sentir à l’écart du monde professionnel.
- la fragilité familiale va de pair avec la fragilité financière, parce que prendre la décision de se reconvertir quand on a une famille, des enfants, un conjoint/une conjointe, ça n’implique pas que soi-même et on embarque tout le monde dans l’aventure. Qui dit reconversion dit peut-être chômage, démission, perte de salaire, ce sont des éléments anxiogènes qui bousculent l’équilibre du foyer. C’est important de garder en tête que lorsqu’on est en couple, le conjoint/la conjointe peut ressentir une lourde responsabilité en étant le seul garant d’un revenu stable, et ça peut lui mettre vraiment la pression.
Y mettre son cœur et faire un vrai travail introspectif
L’introspection, en tout cas telle que moi je la comprends, ce n’est pas remuer le passé par plaisir de remuer le passé. C’est au contraire en savoir plus sur soi. C’est connaître ses forces et ses faiblesses pour aller dans la bonne direction et construire un projet professionnel durable dans le temps.
Alors j’ai un exemple trop cliché, mais tellement parlant que je suis obligée de le sortir. C’est l’image de la maison et de ses fondations. Tu peux construire la plus belle des maisons, si les fondations, les bases ne sont pas solides, aux moindres intempéries tu vas avoir des fissures dans tous les sens. Et donc pour les changements professionnels c’est pareil : ta reconversion c’est ta maison et tes fondations c’est ton introspection.
Identifier ses besoins immédiats
- Le repos. Offrir du repos à ta tête et à ton corps c’est le plus beau cadeau que tu puisses te faire.
- Si besoin, fais-toi accompagner par un professionnel de santé( psychologue du travail ou une personne spécialisé dans l’accompagnement post burn-out). Cela te permettra de « digérer » certaines choses et mettre un point final à cette vie professionnelle d’avant.
- Laisser décanter. Autorise-toi à fureter à droite et à gauche. Inspire-toi d’histoires sur les reconversions, sur les métiers que tu connaissais pas, qui sortent de l’ordinaire. N’hésite pas à découvrir, à observer, à lire, à écouter. Mets-toi dans ce que j’appelle en posture aquarium. C’est-à-dire que tu observes ce qui t’entoure, un peu comme si tu étais derrière une vitre, tu t’en imprègnes mais pour l’instant tu bouges pas.
- Ne pas rester seule et se faire accompagner pour passer à l’action. Là, plusieurs possibilités s’offrent à toi. Il y a le coaching de carrière et il y a les accompagnements individuels qui peuvent prendre la forme d’un bilan de compétences. Faire la transition accompagnée va te permettre d’avoir moins peur, de bénéficier d’un expert en tant qu’interlocuteur qui sera neutre et qualifié, de gagner du temps et surtout d’avoir une méthode pour organiser et jalonner ta transition professionnelle.
Te voilà prête pour la plus belle aventure de ta vie !
Si tu étais déjà un peu avancée dans ta reconversion ou sur le point de prendre une décision important comme te payer une formation sans être 100% sure de toi, vérifie bien que tu es passée par toutes les étapes dont je viens de te parler. Ça te permettra de gagner du temps, de l’argent et beaucoup de sérénité.
J’espère que ces premiers conseils et questionnements t’ont permis d’y voir plus clair pour que tu puisses mettre toutes les chances de ton côté et commencer ta reconversion de la manière la plus optimale possible !